« Je suis née à Buenos Aires, où mes parents sont arrivés pour fuir l’Espagne de Franco. Plus tard toute la famille a fui l’Argentine frappée par les militaires. Je me suis nourrie de l’exil et de cette culture nomade qui s’enrichit de chaque mélodie, de chaque caresse partagée et de chaque victoire contre l’injustice.
Mes premières œuvres en noir et blanc sont le chemin que j’ai parcouru pour dénoncer, je ne voulais pas faire de l’art décoratif ! Puis j’ai peint la rencontre des cultures à travers le Carnaval, derrière le masque on ne voit ni la haine ni la misère.
Deux autres thèmes m’ont inspirée, la tauromachie et le tango. La tauromachie où l’homme et la bête s’affrontent et même si l’issue est fatale, la bête demeure en nous ! Dans cette arène qu’est la vie, j’ai commencé à fusionner les corps, à démultiplier les bouches, les bras, les jambes comme dans un tourbillon sans fin ; j’ai tenté de rendre le tango universel.
Ce besoin de justice en moi s’est transformé en passion, envie d’aimer l’autre, de se partager, créer pour s’inventer autre et traverser le miroir. »